Entretien avec Tuula Yrjö-Koskinen

Tuula Yrjö-Koskinen est la nouvelle directrice de l’Institut finlandais. Lisez son entretien pour en apprendre plus sur son parcours et la manière dont elle approche son mandat.

Présentez-vous en quelques mots, qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?

Tout d’abord, je voudrais exprimer que c’est un grand plaisir pour moi d’être ici, à Paris en tant que directrice de l’Institut finlandais. J’ai une connection profonde avec la France, la langue et la culture françaises, et je suis très heureuse de pouvoir enfin reconnecter avec cette partie essentielle de ma vie. Avec ce mandat, j’ai l’impression qu’une boucle se ferme d’une façon merveilleuse.

Je suis finlandaise, mais dès mon enfance, j’ai mené une vie assez internationale avec des années et des expériences à l’étranger alternant avec des retours, des études et des travaux à Helsinki. Cependant, mes racines et mon point de référence ont toujours été fortement liés à la Finlande, où vivent aussi ma famille ainsi que beaucoup d’amis. En effet, je me sens vraiment dans mon élément dans un rôle qui me permet d’activement connecter la Finlande et l’étranger et d’agir comme un lien entre les deux.

Les langues, l’art et la culture, en particulier la musique, ont toujours été ma passion et j’ai eu la chance d’effectuer des mandats très intéressants au sein de la culture, souvent avec une forte dimension sociale. J’ai une maîtrise en Langue et littérature française, ainsi qu’en Musicologie. Plus récemment, mon intérêt pour le développement et la direction des organisations culturelles m’a amenée à poursuivre des études à l’Université Aalto. Elles sont pertinentes à la création d’une connexion et d’un dialogue authentique auprès de communautés et de publics diverses, et offrent des possibilités de rencontre, d’échange et de collaboration essentielles dans notre monde aujourd’hui. 

Avant de venir à Paris, j’ai notamment travaillé à l’Opéra et Ballet National de Finlande, comme Education Manager au London Sinfonietta, Responsable de Production du Festival d’Helsinki, Conseillère Culturelle à l’Ambassade de Finlande à Washington DC, et Directrice du Centre Culturel Stoa à Helsinki. Récemment, j’ai aussi été impliquée dans la politique municipale auprès de la commission culture, jeunesse et sports de la Ville de Helsinki, une expérience que j’ai beaucoup appréciée. 

Dans quelle direction voulez-vous développer les activités de l’Institut finlandais?

Il est clair pour moi que nous avons une équipe formidable ici à l’Institut finlandais. Nous avons la chance d’avoir de très beaux locaux situés au cœur du Quartier Latin, conçus par l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa, puis rénovés par l’architecte Pekka Littow (Littow Architectes), avec une décoration intérieure par le Studio Joanna Laajisto.

J’ai voulu prendre un peu de temps pour apprécier le programme et le profil actuels de l’institut, tout en commençant à planifier l’avenir. Je pense qu’il est important de développer des antennes et une sensibilité à la vie et la culture parisienne, et française, pour pouvoir proposer un programme – à la fois à l’institut et hors les murs – qui résonne avec les publics ici. 

L’essentiel, je pense, est de faciliter et de créer des connexions. La manière dont je propose d’approcher mon travail, c’est justement par un entretien et un développement actifs des réseaux et des partenariats avec les créatifs finlandais, français et internationaux. Les collaborations transversales me paraissent plus pertinentes que jamais. 

J’aime planifier de façon stratégique, et si possible, j’essaye de créer un impact sur le long-terme. À l’institut, cela peut vouloir dire plusieurs choses. Tout d’abord, pour augmenter la résonance de nos activités, je pense qu’il est important de pouvoir prioriser. À l’avenir, on propose de planifier et de présenter nos programmes autour de grands thèmes et séries qui rassemblent les projets individuels, comme des chemins qui abordent les sujets de différents angles et perspectives. La communication aura un rôle clé à jouer pour atteindre et informer nos divers publics. L’objectif est d’attirer des partenaires et des publics variés, tout en proposant une programmation de qualité. Il s’agit d’établir un forum qui inspire la confiance, qui soit propice aux dialogues, rencontres et nouvelles ouvertures, et qui respire avec le monde autour. 

Avez-vous déjà des projets pour l’institut, si oui lesquels ?

À présent, l’institut accueille le Café Maa, qui est un endroit très attractif pour découvrir la gastronomie finlandaise, et un oasis au cœur de Paris. Le Café Maa invite à connecter avec la nature à travers une gastronomie durable qui reflète le passage des saisons. La cheffe Alexandra Marschan-Claude et son équipe vont continuer à proposer des événements culinaires liés aux thématiques de la programmation de l’institut. 

D’ici l’année prochaine, nous avons l’intention d’explorer les possibilités de présenter des expositions plus ambitieuses au sein de l’institut, en cherchant à les intégrer avec le Café Maa dans l’espace de la grande salle. C’est une perspective que je trouve très importante et qui m’inspire beaucoup. Nous pensons aborder cela dans quelques mois, au printemps prochain. Nous envisageons aussi d’accueillir des rencontres culturelles et musicales dans la grande salle. 

Autrement, dès cet automne, nous allons proposer chaque saison un cycle de films autour d’un nouveau thème, de façon à créer un rythme pour le public. L’Institut finlandais a tout le potentiel pour prendre aussi sa place au sein d’un quartier connu pour ses cinémas indépendants.

Quel genre de collaborations aimeriez-vous poursuivre ?

Le rôle de facilitateur est au cœur de nos activités et je suis très enthousiaste à l’idée de poursuivre des collaborations avec les organisations culturelles à Paris et en France. On continuera aussi à collaborer avec nos partenaires nordiques et européens, et on poursuivra des programmes communs au réseau des instituts culturels et scientifiques finlandais à travers le monde.

En ce qui concerne les projets hors-les-murs, j’envisage qu’un domaine important sera celui de la danse et de la chorégraphie contemporaine. Depuis l’ouverture de la Maison de la Danse à Helsinki en 2022, la danse connaît un nouvel élan en Finlande, et à présent il existe un véritable enjeu d’internationalisation que nous espérons saisir ici, en France.

D’autre part, on envisage que les domaines du design et de l’architecture vont connaître un essor avec l’avènement d’un nouveau Musée d’Architecture et de Design, proposé à Helsinki pour l’année 2030. Ce musée à ambition internationale mettrait en valeur le pouvoir du design comme moteur de changement durable. Je pense que cela pourrait créer de nombreuses opportunités de projets et de collaborations autour du design et de l’architecture avec des partenaires locaux en France.