Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec les artistes Satu et Maria Tani, dont les œuvres sont actuellement exposées à l’Institut finlandais dans le cadre de l’exposition Imagine Everyday! Outsider Art Finland. Pendant notre entretien, le duo d’artistes nous partage le processus de création de leurs œuvres et leurs plans à l’avenir. 

 

Bonjour Satu et Maria ! Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’exposition à Paris ?

Satu : Je suis ravie de pouvoir participer à l’exposition, qui est une belle continuation de notre collaboration avec Maria. C’est aussi une belle occasion de pouvoir voir nos cousins et cousines qui vivent à Paris.

Maria : J’ai vraiment hâte d’aller à Paris. J’y suis allée une fois il y a 16 ans, je trouve que c’est une ville magnifique et ce serait super de gagner plus de visibilité à l’étranger.

 

Comment s’est déroulé le processus de création de votre œuvre Breathing Reef ?

Satu : Nous avons commencé notre collaboration artistique en 2018. Après avoir achevé le projet TraumaWear, nous cherchions à aborder un nouveau thème dans nos œuvres.

Maria : Après avoir fini de réaliser mes méduses au crochet, j’avais besoin d’une nouvelle activité manuelle créative qui puisse m’occuper pendant mes séances Netflix. C’est là que m’est venue l’idée de créer des coraux au crochet et de les coudre sur une robe estivale, cette idée m’a pris deux ans. Je trouve les coraux très intéressants, j’ai toujours aimé les animaux marins.

Satu : Enfant, j’adorais regarder Le Monde du Silence de Jacques Cousteau et d’autres documentaires sur le monde marin. Maria et moi avions déjà réalisé des performances artistiques ensemble, j’avais été inspiré par son travail sur les coraux au crochet. Pour moi et pour beaucoup d’autres, les coraux incarnent un symbole emblématique de la crise écologique et de la destruction des océans.

La robe de coraux en crochet par Satu Tani et Maria Tani
© Aurélien Mole

Qu’est-ce qui a inspiré vos œuvres d’art ?

Satu : Les choses qui nous intéressent ou que nous apprécions particulièrement… Comme nous sommes toutes les deux sur le spectre des syndromes neuropsychiatriques, nous voulons montrer qu’il existe différentes façons de communiquer et d’interagir avec le monde. Je trouve également que notre relation, et nos visions artistiques singulières, sont une source d’inspiration.

Maria : Dans ce projet, je fais tout ce qui m’intéresse. Les sujets liés à la nature me tiennent à cœur, même si je ne donne pas autant de sens à ces sujets que Satu. Ma dernière obsession c’était les limaces de mer.

 

Avez-vous des artistes que vous considérez comme vos modèles ou qui ont influencé votre façon de travailler ?

Maria : Je ne sais pas. J’aime aller à des expositions mais je ne pense pas tout de suite à un ou une artiste spécifique. La plupart du temps, lorsque je visite une exposition, je ne lis même pas les noms des artistes ou de leurs œuvres. J’aime l’art classique et figuratif mais personnellement je ne peux pas peindre des tableaux réalistes. J’aime aussi le surréalisme.

Satu : Je ne pense pas avoir de modèles. Nous avons été encouragées à être créatives dès le plus jeune âge et nous avons grandi avec l’art. Les activités artistiques et les loisirs créatifs étaient quelque chose de répandu chez nous. Nous avons visité beaucoup d’expositions. Nos étés étaient marqués par les expositions au musée Retretti à Punkaharju, c’était vraiment un moment emblématique pour nous. Pour moi, l’art est toujours synonyme de jeu et d’expérimentation.

 

Vous avez reçu le prix de l’artiste de l’année 2022 du Outsider Art Festival, qui décerne une bourse de 1000 euros pour des projets d’internationalisation. Quels espoirs et quels projets avez-vous en matière d’internationalisation ?

Maria : J’ai consacré cet argent à l’achat de matériaux pour l’œuvre Breathing Reef et pour mes futurs projets. J’ai acheté au fur et à mesure des fils de crochet et de la laine dans des marchés aux puces. L’idée est de faire des ammonites au crochet, puis que l’installation soit exposée à l’étranger. À l’avenir, j’aimerais réaliser plus de projets artistiques de broderie à la main. Mon rêve serait d’avoir un jour une exposition au Japon.

Satu : En plus de cette exposition à Paris, nos œuvres seront également présentées à la Biennale d’Art Brut aux Pays-Bas. Nous y présenterons ainsi la version finale de la pièce vidéo Breathing Reef sur laquelle nous travaillons depuis maintenant plusieurs années. Il sera intéressant de voir la réception et les retombées de ces expositions internationales.