Nous sommes heureux de vous présenter la nouvelle identité visuelle de l’Institut finlandais. En naviguant sur notre nouveau site internet, vous pouvez désormais découvrir notre logo, une police de caractère personnalisée, et une palette de couleurs fraîches et modernes. Cette nouvelle apparence est conçue par Piëtke Visser, qui travaille en tant que directrice de création chez Kuudes, une agence de design basée à Helsinki. C’est avant tout de la structure et des couleurs de l’architecture, du bâtiment même de l’Institut, dont s’est inspirée Piëtke dans son processus de création de la nouvelle identité visuelle.
Quel est votre parcours, comment vous êtes-vous dirigée vers le graphisme et la direction artistique ?
Je suis originaire d’une petite ville en Afrique du Sud qui s’appelle Empangeni. J’y ai grandi et finalement c´est intéressant d’évoluer dans une telle communauté. Le climat là-bas est subtropical, et il s’y mélangent tant des ouvriers de l’usine de canne à sucre, que des professeurs d’université, des sportifs et des fanatiques religieux. Jeune, je passais beaucoup de temps avec mes amis, mais à part de ça, ce qui m’animait le plus c’était peut-être le club d’art auquel je me rendais après l’école. C’était un lieu mystérieux et surprenant, un lieu où les règles n’existaient plus. J’ai rapidement été comme happée. À cette époque je ne pouvais m’imaginer meilleure situation que de partir étudier les beaux-arts. Je voulais voir le monde, découvrir des choses intéressantes dans des endroits lointains, et j’ai pensé que l’art pouvait m’y aider.
À l’université de Prétoria, une partie des études d’art était en fait une introduction à la communication visuelle. La possibilité de comprendre les gens et les organisations, et d’apprendre davantage à interpréter ou à traduire leurs buts et leurs messages en concepts et en narrations visuelles, m’a immédiatement frappée. Et voilà, j’ai décidé de changer un peu de direction dans mes études.
Comment décririez-vous votre design ?
Espiègle. J’aime faire sourire les gens, leur faire sentir par mon design que j’ai compris ce qu’ils tentent d’expliquer bien qu’ils n’aient pas les moyens visuels de l’exprimer, alors qu’après la création ils y arrivent. C’est merveilleux.
Le monde de l’art et du design finlandais est tellement différent en termes de référence visuelle et culturelle de ce que je connais, que ce fut une véritable récompense que de travailler dans ce cadre.
Pourriez-vous nous parler un peu du travail que vous avez effectué pour l’Institut finlandais ? Quelle a été votre première approche et comment ce processus a-t-il évolué ?
Depuis 2014 je travaille de temps en temps pour l’Institut finlandais, notamment sur l’identité de plusieurs expositions, ou encore sur le matériel de communication. J’ai par ailleurs travaillé à l’installation des collections pour la galerie de l’Institut, car je fais aussi partie de l’équipe de Lokal à Helsinki.
Je me sens privilégiée d’avoir pu créer des matériaux qui, d’une certaine façon, représentent la culture finlandaise. Je crois que c’est une bonne chose que d’être une outsider, je considère la valeur des choses sans prendre en compte mon histoire personnelle. Le monde de l’art et du design finlandais est tellement différent en termes de référence visuelle et culturelle de ce que je connais, que ce fut une véritable récompense que de travailler dans ce cadre.
La nouvelle identité visuelle de l’Institut finlandais a en partie été inspirée de la structure et des couleurs de l’architecture, de l’Institut lui-même. La nouvelle identité visuelle tend à représenter ce qu’est être finlandais ; terrien et naturel quoique sophistiqué et immuable. Ensemble avec Juho Hiilivirta et Niklas Ekholm d’Helsinki Type Studio nous avons créé une typographie “coutume”, dont le concept est ancré dans la notion d’échange culturel. Nous avons littéralement traduit le rôle de liaison qu’a l’Institut jusque dans cette typographie, composée des lettres qui se connectent entre elles. Le résultat final renvoie une image forte, une identité qui va étonner par le contraste entre les matériaux utilisés : une typographie délicate bien que marquée, sur du papier naturel recyclé et des feuilles de laiton brillantes.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Je suis une rêveuse, et j’aime parler avec des gens actifs et créatifs, qui ont sans cesse de nouvelles idées, de nouveaux buts. Les idées, qu’elles soient pertinentes ou non, reflètent et questionnent notre façon de faire les choses. La meilleure partie de ce processus de création, c’est ce petit « et si », qui nous laisse toutes les portes ouvertes.
Vous travaillez et vivez à Helsinki depuis maintenant 14 ans. Comment décririez-vous les tendances et esthétiques actuelles qui prédominent sur la scène locale ? Existe-il des caractéristiques qui la distinguent des autres scènes culturelles ?
J’ai vu le cercle des designers visuels d’Helsinki s’agrandir progressivement, et devenir plus intéressant au cours des dernières années. De manière générale, je crois que la conception visuelle est devenue plus libre et accessible, et que nous assistons à la réalisation de son plein potentiel, c’est-à-dire enrichir et améliorer la vie quotidienne des gens.
Pourriez-vous mentionner quelques personnes ou organismes que vous trouvez particulièrement intéressants en ce moment ?
Je ne me lasse jamais du compte Twitter de BoschBot (@boschbot). Des détails de la peinture monumentale Jardin des délices de Jérôme Bosch y sont sans cesse publiés, et c’est juste incroyable. C’est toujours surprenant et fascinant de découvrir à quel point cette oeuvre est contemporaine.
Je suis activement le studio de graphisme Experimental Jetset, Astrid Stavro, Allan Fletcher et le studio Franklin Till.
En parallèle de vos projets indépendants, vous êtes également directrice création chez Kuudes ; pourriez-vous décrire ce qu’implique votre rôle et ce qu’est un jour typique pour vous ?
Travailler dans une équipe comme Kuudes a été très gratifiant. Chaque jour je travaille avec des personnes intelligentes et vraiment compétentes. Je suis responsable de la création dans l’équipe de conception visuelle, qui travaille avec un large éventail de clients, de la grande marque de biens de consommation à la petite boutique de start-up, en passant par divers projets dans le secteur public. La principale raison d’une telle clientèle est la diversité et la richesse des talents que concentre Kuudes.
Un bon exemple de nos projets est Hive, une école de programmation informatique à but non-lucratif. Celle-ci fut initiée par Supercell et elle est basée sur le modèle de l’École 42 en France. Kuudes a participé dès le début au projet, aux recherches préliminaires, à la définition du positionnement de l’école, à l’étude des attentes et besoins des étudiants et des parties prenantes, à la construction de la stratégie de marque, à l’élaboration de l’identité de la marque, mais également à l’architecture intérieure et au concept spatial de l’école.
Ce qui est vraiment typique chez Kuudes, c’est que les journées ne sont jamais les mêmes.