Notre régisseur Quentin L’hôte a commencé à travailler à l’Institut finlandais en 2020. Après un parcours dans l’architecture, il est aujourd’hui responsable de l’installation des nouvelles expositions et s’occupe de la maintenance des locaux de l’Institut au quotidien. Nous nous sommes entretenus avec Quentin pour discuter de son travail quotidien et comprendre comment se déroule l’installation et le démontage d’une exposition dans un court délai.

 

Quelle est votre fonction à l’Institut finlandais et en quoi consiste votre travail quotidien ?

Alors, ma fonction c’est régisseur et en tant que régisseur, il faut que je m’assure au quotidien que les locaux soient en bonne condition, notamment de sécurité et de maintenance parce qu’étant un établissement recevant du public, l’institut se doit de respecter un ensemble strict de normes et de contraintes. Je m’occupe également de la maintenance et de l’entretien général de nos locaux pour qu’ils restent sûrs et confortables pour les personnes qui y travaillent ou qui le visitent.

 

Quand est-ce que vous avez commencé ici et pourquoi avez-vous voulu travailler à l’Institut finlandais ?

Je suis arrivé en décembre 2020 et à ce moment-là, je souhaitais changer d’environnement de travail. Je voulais évoluer dans ma profession et je suis tombé par hasard sur une annonce d’offre d’emploi publiée par l’Institut finlandais. Je me suis souvenu être venu ici pendant mes études d’architecture et le lieu m’avait vachement marqué, c’est très singulier à Paris d’avoir ce cachet, cette architecture typique et typée de quelque part. Ensuite, j’ai suivi le processus de recrutement classique avec un intérêt lié à la gestion et à la maintenance du site, des aspects qui n’étaient pas présents dans mes précédentes attributions. Je trouvais que cela me permettait de mieux mettre en valeur mes connaissances et surtout de progresser et d’avancer sur ces enjeux là.

 

“Le lieu m’avait vachement marqué, c’est très singulier à Paris d’avoir ce cachet, cette architecture typique et typée de quelque part.”

 

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail à l’Institut finlandais ?

Auparavant, j’étais régisseur d’exposition uniquement, donc je gérais des événements et des expositions. Mais en arrivant à l’institut, je me retrouve à avoir une charge de travail qui concerne tout le suivi du bâtiment et du lieu en lui-même, ce qui me plaît là dedans c’est de faire le lien avec ma formation initiale d’architecte : gérer les contraintes de la vie quotidienne du bâtiment pour que le travail et la vie qui y prennent place se déroulent au mieux. Il y a aussi tout l’historique que j’ai découvert en arrivant et que je continue de découvrir au fil de l’eau. Voilà, il y a tout l’envers du décor qui demande pas mal de boulot, mais qui est assez enthousiasmant quand les choses se passent bien. Et pour être plus précis, je dirais que la vraie satisfaction c’est quand tout se passe correctement parce qu’il y a tout un boulot de planification, de réalisation et quand tout colle c’est parfait. 

 

Comment collaborez-vous avec les artistes pour mettre en place leurs expositions dans l’espace de l’Institut finlandais ?

Alors, à chaque fois on entre en contact une fois que la production et la direction ont bien déterminé le cadre des expositions, avec les différents interlocuteurs et interlocutrices qu’on peut avoir. Les premiers contacts se font habituellement avec notre équipe dans une réunion interne, c’est là où j’apprends ce qui sera programmé dans le futur. Puis dans un second temps commencent les échanges avec les artistes et les commissaires. Le premier document sur lequel on travaille, c’est un plan général d’exposition. C’est une première ébauche qui permet d’avoir une vision globale du projet, et ensuite on discute avec chaque artiste de manière très pratique : comment est-ce qu’on peut installer telle ou telle œuvre, par exemple. Du coup on est dans un dialogue plus ou moins intense en fonction des projets, pour faire coller le projet idéal à ce que l’on peut faire concrètement.

 

Dans l’installation d’une nouvelle exposition qu’est-ce qui est le plus grand challenge et comment y faites-vous face ?

Le plus grand challenge c’est le temps généralement. En fait, on est sur des intervalles assez réduits, les expositions proposent d’avoir plusieurs artistes simultanément donc ça demande pas mal de boulot de préparation. Et c’est là que les dialogues dont j’ai parlé précédemment prennent toute leur importance. Ils permettent de minimiser au maximum les choses à improviser au dernier moment. Voilà, la partie la plus compliquée c’est la gestion du temps et la gestion des surprises, parce qu’il y a toujours des surprises. 

 

L’Institut finlandais se situe dans un ancien immeuble, est-ce que ça pose des défis pour votre travail de régisseur et si oui, pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Énormément de défis, essentiellement dûs à la vétusté de certaines installations. Étant donné qu’on est dans une copropriété, on apprend aussi à vivre et à travailler avec nos voisins. On prend part aux réunions de copropriété, et par là même à la gestion générale de l’immeuble, où toute intervention reste sensible.

 

Comment voyez-vous l’avenir du travail de régisseur dans les centres culturels et quelles sont les évolutions ou tendances que vous prévoyez dans ce domaine ?

On va dire que certaines tendances déjà présentes de façon marginale vont nécessairement se développer et – j’espère – remplacer l’organisation classique des lieux d’exposition. À ce titre tout ce qui concerne la gestion des transports d’oeuvres doit évoluer, pas seulement en réduisant l’empreinte carbone en minimisant les trajets, mais en imaginant d’autres manières d’exposer qui ne nécessiterait peut être même pas d’avoir l’oeuvre face à soi, ou encore faire évoluer la vieille distinction entre exposition temporaire et exposition permanente en travaillant à faire des expositions « variables » tout en réduisant les coûts énergétiques liés à la conservation d’importantes collections. Bien sûr tout ceci est plus facile à mettre en œuvre avec l’art actuel et pour des structures d’échelles intermédiaires, mais c’est justement le bon moment pour que les acteurs et les actrices de ce milieu agissent par conviction et fassent preuve d’inventivité plutôt que par mode ou contrainte économique.

 

En dehors de votre travail à l’Institut finlandais quels sont vos intérêts personnels et comment passez-vous votre temps libre ?

J’ai toujours un petit œil sur ce qui se fait, se pratique, et se théorise autour de l’architecture et de l’urbanisme. Personnellement, j’ai depuis peu une vie de famille qui a changé la manière dont j’organise mon temps. Je lis pas mal aussi, je fais beaucoup la cuisine. Beaucoup de musique aussi, pendant les transports surtout, et aussi beaucoup de jeux vidéos. Les films d’horreur aussi j’aime beaucoup. Au final, je dirais que le lien entre tout ça c’est que c’est souvent pas mal issu de la culture populaire au sens large, les bouquins sont un peu moins pompeux que quand j’étais étudiant. 

 

Interview : Thibault Semblat et Helmi Anttila