Afin de mieux comprendre le processus créatif derrière les œuvres de Bo Haglund, nous nous sommes entretenus avec l’artiste, actuellement exposé dans notre galerie au sein de l’exposition Écoutons la forêt pousser Saison II du 2 décembre 2022 au 1er avril 2023.

 

Bonjour Bo ! Comment vous sentez-vous ici à Paris ?

Je suis très heureux d’être ici. Je suis arrivé [en France] depuis début Juillet, quand j’ai commencé ma résidence à l’Hôtel Chevillon de Grez-Sur-Loing. C’est une résidence artistique qui a été fondée par une fondation suédoise dans les années 1990, car dans les années 1800, de nombreux artistes des pays nordiques sont venus y travailler. J’ai un superbe espace de travail, qui était autrefois l’atelier de Carl Larsson. Grez-sur-Loing est un petit village paisible, d’où je peux facilement accéder à Paris et ses diverses expositions.

 

Deux de vos œuvres portent un nom français, L’Heure bleue et Le Coucher du Soleil. La France ou la langue française occupent-elles une place particulière dans votre cœur ?

En quelque sorte. Je suis allé en France à plusieurs reprises, j’ai par exemple travaillé comme artiste en résidence à la Cité des Arts de Paris. Dans la vie quotidienne, je me débrouille avec mon niveau de français, mais je ne le parle pas si bien que ça. Quant aux noms, je pense qu’ils me sont venus naturellement en travaillant ici. À mes yeux, la langue française est très belle et poétique.

 

Qu’est-ce qui a inspiré les thèmes et les motifs de vos œuvres d’art, exposées dans notre galerie ?

Lorsque j’ai effectué une résidence en France en 2018, j’ai été particulièrement inspiré par la forêt de Fontainebleau. Dans mes œuvres exposées dans votre galerie, j’ai élaboré cette forme de thème répétitif où l’arrière-plan est composé d’une forêt ou de végétation, et le premier plan d’un podium ou une plateforme. Mais la scène est plutôt surréaliste que réaliste. C’est presque un tableau théâtral avec une scène où il se produit toujours quelque chose. L’idée de base de cette œuvre est la relation entre l’Homme et la nature, et ce qu’il en est aujourd’hui. A-t-elle évolué vers une relation plus cosmétique, où l’on conçoit la nature uniquement comme le fond d’un décor ?

 

Vos œuvres créent le sentiment d’être dans un conte de fées ou un rêve, y-a-t-il une histoire derrière ces œuvres ?

Je crois que vous avez mis le doigt sur le problème ! Un caractère narratif est sans aucun doute présent dans mon art. J’ai commencé ma carrière en tant que scénographe au théâtre et au cinéma. Ensuite, je suis passé à la bande dessinée, qui est un récit en soi. Mes œuvres comportent beaucoup d’éléments qui donnent l’impression qu’elles sont issues d’une bande dessinée. J’aime pouvoir créer mes propres récits et scènes, ce qui n’était pas possible au théâtre.

 

À quoi ressemble le procédé derrière vos œuvres d’art ?

Parfois il peut beaucoup changer. Cela dépend du thème et de ce qui m’intéresse à ce moment-là. Ces dernières années, j’ai travaillé de manière assez intuitive car je sais à peu près à quoi ressemblera le tableau en termes de composition. J’imagine donc que les images viennent naturellement de mon subconscient.

 

Vous choisissez souvent la gouache comme matériau. Est-ce que cette technique vous vient spontanément, ou avez-vous travaillé avec d’autres techniques ?

Ces derniers temps, j’ai beaucoup travaillé à la gouache, mais j’ai également travaillé à la peinture à l’huile et à l’acrylique. J’aime beaucoup le papier en tant que matériau. Dans un sens, il crée pour moi un sentiment de liberté. J’ai aussi l’habitude de travailler avec le papier, car je faisais des bande-dessinées ; et en tant que scénographe, je réalisais beaucoup  de croquis. L’avantage du papier, c’est aussi qu’il est facile à enrouler et transporter.

 

Ensuite, quelques questions sur la Finlande, où vous travaillez la plupart du temps. Qui sont, selon vous, les artistes les plus intéressants en Finlande en ce moment ? 

Aïe ! J’ai été très impressionnée par l’exposition de Kari Vehosalo à Tampere, l’été dernier. Il est brillant ! Il y a aussi Joel Slotte, dont les œuvres étaient récemment à Kiasma. Une troisième source d’inspiration pourrait être Leena Luostarinen, qui a travaillé principalement dans les années 1980 et 1990. Je suis sûr que lorsque je sortirai de cette entrevue, je me rappellerai de plein d’autres noms.

 

C’est l’heure de notre dernière question : à quoi ressemble la scène de l’art contemporain à Helsinki ?

Malheureusement, je vais assez rarement aux vernissages des galeries, car je vis essentiellement à la campagne. De plus, le travail de l’artiste est un travail assez solitaire ; je passe beaucoup de temps dans mon atelier. Je dirai que la scène artistique est en train de s’ouvrir et beaucoup changer. Elle prend selon moi une orientation plus inclusive. Auparavant, il semblait qu’il n’y avait de la place que pour un seul artiste à la fois et que tous les autres étaient dans son ombre, mais maintenant il semble qu’il y ait de la place pour tout le monde. À Helsinki, il y a plein de jeunes artistes qui font des choses formidables. Je trouve que l’atmosphère est très ouverte et distincte, différente de celle de l’Europe occidentale et centrale.

 

Découvrez plus sur le parcours de Bo Haglund ici.

 

Interview : Helmi Anttila
Traduction en français : Thibault Semblat