En automne 2019, Laura Väre a reçu le prix « Jeune designer de l’année » du Design Forum Finland. Cette récompense comprend une exposition monographique à l’Institut finlandais ainsi qu’une participation au programme de visite IF Studios à l’Institut finlandais. L’exposition monographique, Carte Blanche à Laura Väre, ouvre ses portes à l’Institut en janvier et offre un panorama complet sur l’esthétique minimaliste de l’artiste qui s’incarne aussi bien dans ses meubles imposants que dans ses petits bougeoirs. Nous avons rencontré Laur Väre et avons parlé avec elle de Paris et de l’importance des sens, de la créativité et de la curiosité.

Tu viens tout juste d’obtenir ton master en design de mobilier à l’université Aalto, après avoir étudié le travail du métal. Comment en es-tu venue au monde du design ?

Je fréquentais une académie d’arts plastiques quand j’étais petite. J’adorais dessiner et je me rêvais artiste. J’ai toujours su que je voulais travailler dans la veine créative. Après le lycée, j’ai étudié le travail du métal, où j’ai entendu pour la première fois parler de design de mobilier, ce qui m’a amené à suivre des cours de design de mobilier au Lahti Institute of Design. Mes études à Lahti n’ont fait que confirmer ma volonté de devenir designer, c’est pourquoi j’ai présenté ma candidature au master en design de mobilier à l’université Aalto.

À côté de mes études, j’ai également travaillé sur plusieurs projets, tout en participant à des compétitions et à foires internationales où j’ai pu présenter mes travaux, ce qui a contribué à renforcer mes compétences en design.

Laura Väre : 7 collection. Photographie par Annikki Valomieli.

En 2019, le Design Forum Finland vous a attribué le prix de « Jeune designer de l’année ». Cette récompense comprend une exposition monographique à l’Institut finlandais ainsi qu’une participation au programme de visite IF Studios. Quel impact ce prix a-t-il eu sur votre carrière ?

Je suis très reconnaissante et honorée de recevoir ce prix, dont j’ai longtemps rêvé. Ce prix aura une influence positive sur ma carrière et j’en mesure déjà les effets : de nombreuses personnes m’ont contactée pour me proposer de nouveaux projets, qui m’ont d’ailleurs tenue très occupée dernièrement. L’impact positif de ce prix sur ma carrière se vérifiera également sur le long terme.

Avec l’obtention de ce prix, l’automne dernier a été plutôt chargé pour toi : tu as passé beaucoup de temps sur la route, notamment en Chine et en Laponie. Quels projets se dessinent pour l’année à venir ?

Je ne peux pas trop vous en dire pour l’heure, mais j’ai quelques projets en production de design à l’horizon. J’aimerais également participer à des foires en Europe et en Asie, dans le but de créer de nouveaux objets spécialement pour ces événements.

Laura Väre : AAVA. Photographie par Aleksi Tikkala.
Laura Väre : Donut. Photographie par Esa Kapila, Young Finnish Design.

Pourrais-tu nous en dire plus sur l’exposition à l’Institut ? Que trouvera-t-on dans la sélection d’objets présentée ?

Cette exposition présentera mes créations des 5 dernières années. On y retrouvera de nombreux objets de toutes les dimensions comme le canapé Ebba, la lampe Hide, les miroirs Po, la chaise W et les bougeoirs Donut.

La curiosité est une dimension essentielle de mon travail. Les choses qui m’entourent m’inspirent profondément. Cela peut être une coupe, une lumière, un matériau singulier ou encore une perspective qui réveillent des émotions en moi.

Quels designers suis-tu de près ? Où puises-tu ton inspiration ?

Je ne dirais pas que j’ai des idoles. Bien sûr, j’admire de nombreux designers, certains sont par ailleurs célèbres, mais j’apprécie tout autant le travail et les manières de penser de plusieurs designers moins connus.

La curiosité est une dimension essentielle de mon travail. Les choses qui m’entourent m’inspirent profondément. Cela peut être une coupe, une lumière, un matériau singulier ou encore une perspective qui réveillent des émotions en moi. C’est important de toujours être à l’écoute de ses sens, et de recueillir toutes les matières qui te plaisent. Il m’arrive parfois de penser à un produit, en ayant seulement en tête sa fonction, et je réalise alors qu’il manque quelque chose d’essentiel. Le travail vient nourrir la créativité et parfois l’inspiration jaillit pendant l’élaboration.

Laura Väre : Ebba, Hide & Po. Photographie par Aleksi Tikkala.

Quelles sont les valeurs portées par ton travail de création ? Quel est ton matériau favori ?

Mon design est très minimaliste, en ce que je tends naturellement à simplifier les choses. Pour tous mes produits, je cherche en permanence à découvrir une forme ou une idée innovante, qui pourraient susciter l’intérêt du spectateur ou du client. J’aspire à élaborer de beaux produits, fonctionnels et pratiques, qui résistent à l’épreuve du temps. Je mélange ainsi souvent plusieurs matériaux, car j’aime les contrastes qui jaillissent de leur rencontre, ainsi que les potentialités que certains matériaux offrent. Je ne veux pas me limiter à une certaine forme ou à un matériau donné, mais plutôt embrasser la variété et les possibilités offertes par différents éléments. Mon matériau préféré dépend donc de ce sur quoi je travaille.

Pourrais-tu nous en dire plus sur ton processus de création ?

Je pense généralement le design d’un nouveau produit en réalisant des esquisses préparatoires, ou en me basant sur les requêtes du projet ou plus librement depuis mon propre point de départ. Mon organisation dépend entièrement du projet et de mon humeur du moment. En général, mes projets préparatoires sont truffés de notes qui me servent de base pour le design sur ordinateur. Parfois, je peux esquisser le projet à la main ou même créer un modèle à partir d’une idée toute fraîche. Quand on regarde le design sous différentes perspectives, on peut donner au produit une nouvelle coupe ou un nouveau concept. Par exemple, la lampe Aava est née d’un prototype en papier. L’aspect organique des bords a été réalisé en déchirant le papier, jusqu’à l’obtention de l’effet désiré. Il en résulte un rendu final très spontané et dynamique.

Carte Blanche à Laura Väre à l’Institut finlandais du 17 janvier au 28 mars 2020.

Laura Väre